L´un des plus gros billet du monde et vous ne pouviez à peine faire les courses avec. L’inflation est la perte du pouvoir d’achat de la monnaie qui se traduit par une augmentation générale des prix. Il s’agit alors d’un phénomène persistant .
Avant de voir pourquoi l´inflation est votre ennemie voyons une définition de l´inflation (merci wikipedia)
La monnaie étant l’étalon des valeurs, la variation de sa propre valeur n’est pas directement mesurable ; on l’évalue à partir des variations des prix à la consommation des biens et services, mesurée à quantité et qualité égales. L’inflation doit donc être distinguée de l’augmentation du coût de la vie car elle ne prend pas en compte la variation des quantités achetées en réponse à l’évolution des prix.
En France, l’inflation est évaluée au moyen de l’indice des prix à la consommation (IPC). Cette mesure est établie par l’Insee et employée par l’administration française comme indicateur de l’inflation. Dans le cadre européen (en particulier dans le Système européen de banques centrales), l’IPCH (Indice des Prix à la Consommation Harmonisé) est employé.
Les différentes anomalies de l´inflation
- « L’inflation rampante» décrit un état d’inflation durable, sinon chronique, dont le taux mesuré correspond à des valeurs faibles.
- « L’inflation galopante» correspond à la situation opposée : voir Hyperinflation
- La stabilité des prix décrit la situation d’une économie où la hausse des prix est durablement très faible ou nulle, ce qui contribue à maintenir à un niveau faible l’incertitude des agents économiques vis-à-vis du futur (moyen / long terme). En ce sens, la stabilité des prix accroit la lisibilité de l’avenir et contribue à conforter les anticipations positives des agents économiques. Ainsi la BCE, (Banque centrale européenne) considère que son objectif majeur (défense de la stabilité des prix) est atteint lorsque le taux moyen d’inflation sur le moyen terme n’excède pas 2 %.
- La déflation décrit la situation d’une économie où est constatée une baisse générale et durable des prix. Comme le phénomène historiquement le plus fréquent, du moins dans la période contemporaine, est bien l’inflation, certains parlent d’une inflation négative. Une vraie déflation est généralisée et affecte toute l’économie, mais le terme est aussi utilisé lorsqu’un seul secteur économique est affecté (par exemple : déflation du marché immobilier). Cette situation peut être durable (parfois sur une décennie), et parfois auto-entretenue, parce qu’en modifiant les anticipations des agents économiques, ce phénomène les pousse à prendre des décisions qui entretiennent ou accélèrent la tendance.
- Une politique de déflation fait référence à l’ancien sens du mot inflation (inflation monétaire), et vise à restreindre le volume de la masse monétaire, dans l’objectif de restaurer ou maintenir la valeur de la monnaie.
- La désinflation décrit la situation d’une économie où est constatée une baisse du taux d’inflation, qui cependant reste positif. On parle de situation de désinflation si par exemple, le taux d’inflation enregistré, après des années à 10 % en moyenne, baisse à 7 %, puis 5 %, puis 2 %.
- La stagflation est une situation particulière où l’on constate dans une économie la simultanéité d’un niveau élevé d’inflation et d’une croissance faible, voire d’une récession.
- L’hyperinflation (ou « inflation galopante ») correspond à la situation d’une économie affectée par une inflation extrêmement élevée, échappant à tout contrôle. Phillip Cagan la définit en 1956 comme une période durant laquelle le niveau d’inflation se maintient au-dessus de 50 % par mois. cf l´image ci dessus
Causes de l’inflation
Selon le Pr Raymond Barre, s’il y a fréquemment divergence sur le diagnostic d’une situation d’inflation particulière, c’est qu’en effet plusieurs causes peuvent être pointées, séparément ou de manière combinée :
Inflation induite par excès de masse monétaire
L’inflation a d’abord été considérée comme un désordre attribué à l’augmentation de la masse monétaire en circulation8. C’est le point de vue théorique avancé par l’école quantitativiste au XIXe siècle, à la suite d’Irving Fisher et, au XXe siècle avec l’École monétariste. Dans cette situation, en l’absence de création de richesse réelle, la conséquence directe se manifeste sous la forme d’une augmentation de la demande et par suite des prix. On considère que l’inflation monétaire résulte de l’émission par les autorités monétaires (l’État en général) de monnaie en trop grande quantité :
- par rapport à la quantité de biens dans le circuit économique, comme lors de l’hyperinflation de la République de Weimar par sur-émission de mark en 1923,
- ou, dans le cas d’une monnaie assise sur l’or ou l’argent, par un afflux brutal de métal précieux comme ce fut le cas en Espagne à la suite de l’afflux d’or en provenance des Amériques après leur conquête et qui conduira à révolution des prix des XVIe siècle et XVIe siècle, partout en Europe de l’Ouest,
- du fait du crédit, si l’activité financée ne conduit pas directement (ou suffisamment) à injecter dans le circuit économique des biens nouveaux à hauteur du montant de monnaie nouvelle.
« Toutefois, il semble que de nos jours, la monnaie soit moins la cause de l’inflation que la condition permissive9. »
Inflation induite par la demande
Si la demande d’un produit ou d’un service essentiel excède l’offre, et que les producteurs ne peuvent ou ne veulent augmenter immédiatement la production, alors l’excès de demande va conduire à l’augmentation des prix. Le phénomène d’excès pouvant concerner un marché spécifique ou au contraire l’ensemble de l’économie, si, par exemple la demande générale est trop stimulée par une politique budgétaire ou par une offre de crédit bancaire trop dynamiques.
Inflation importée
On dit qu’il y a inflation importée lorsque l’on veut souligner que les hausses de coûts résultent de l’augmentation des prix des biens importés, qu’il s’agisse de matières premières, de biens semi-finis ou de produits finis.
Inflation induite par les coûts
L’inflation est dite induite par les coûts si un élément essentiel des coûts augmente. C’est par exemple le cas quand les salaires augmentent plus vite que la productivité (le coût salarial par unité produite augmente) ou lorsque les matières premières ou l’énergie de base se renchérissent comme pendant les premiers et deuxièmes chocs pétroliers. La hausse des coûts se répercute alors dans les prix de revient, puis dans les prix de vente, d’où une hausse des prix. On parle ainsi d’effet de second tour de l’inflation.
Inflation induite par des éléments structurels (ou par les structures économiques et sociales)
L’inflation peut être induite par un état donné de la structure des marchés, ce qui signifie que la hausse des prix s’explique par les conditions de formation des prix sur les marchés ou dans les secteurs économiques. En particulier d’après Raymond Barre, les prix résultant de situations de concurrence imparfaites dans l’industrie ou les prix fixés par les pouvoirs publics dans le secteur agricole. En effet certains prix peuvent être qualifiés de « prix administrés » car ils sont davantage fixés non pas par les ajustements du libre marché mais par les décisions des firmes (les dirigeants entendent préserver un niveau de marge et/ou d’auto-financement) ou des considérations politiques.
Rôle des facteurs psychologiques et des anticipations
Lorsque des phénomènes psychologiques s’ajoutent aux précédents, la combinaison des facteurs peut amplifier le mouvement de façon brutale :
- La spirale inflationniste: si le prix d’un élément essentiel augmente, tous les autres suivent mécaniquement, et les effets retard mettent en place une boucle de rétro-action, un cercle vicieux, chaque effort pour combler la différence créée n’ayant comme seul effet que de mettre en place la prochaine hausse (comme un animal qui cherche à attraper sa queue) ;
- La spirale déflationniste: si les prix ont tendance à baisser, les acheteurs potentiels ont intérêt à repousser l’achat à plus tard. Ceci entraîne une baisse de la demande, une augmentation des stocks, donc une baisse des prix : La déflation s’auto-entretient et asphyxie l’économie. La déflation est donc considérée comme plus périlleuse que l’inflation ;
- Les dispositions d’indexations de nature contractuelle ou réglementaire, qui ont pour effet de lier entre eux les prix de différents biens et services, vont contribuer à répercuter et à diffuser de façon mécanique le phénomène de hausse et le transférer — par répercussion quasi automatique — en direction d’activités ou de secteurs initialement non concernés par la variation de prix ;
- La panique monétaire: la monnaie utilisée est aujourd’hui essentiellement du papier ou du métal sans autre usage, et donc sans autre valeur que celle attachée à la confiance des utilisateurs. Si, à tort ou à raison, ils se persuadent que la monnaie va perdre de sa valeur, ils voudront l’échanger contre des biens (provoquant une inflation par la demande) ou des devises étrangères (chute sur le marché des changes, hausse du prix des produits importés, inflation importée), ce qui nourrira l’inflation, qui validera l’anticipation inflationniste et la renforcera.
Historiquement, quand la quantité de monnaie dépendait essentiellement de la quantité de métal monétaire (l’or ou l’argent) en réserve de la Banque centrale, une crise de production pouvait aussi produire de l’inflation, dans le cadre d’une spirale inflationniste combinant une inflation monétaire (trop de monnaie par rapport à la production), une inflation par la demande (en excès sur l’offre) et une inflation par les coûts.
Conséquences de l’inflation
L’inflation agit sur les agents économiques
L’inflation change le contexte des relations contractuelles explicite entre débiteurs et créanciers (dans le cadre d’un emprunt, mais aussi et surtout dans le cadre de toute transaction comportant un versement différé dans le temps, tel qu’un loyer, un fermage en numéraire plutôt qu’en nature, etc.). Elle change également le contexte entre les détenteurs d’actifs économiques dont la valeur n’est pas affectée par l’inflation (terrains, entreprises, etc.), et les détenteurs de monnaie ou titres financiers équivalent (rente à taux fixes, etc.) qui sont affectés par l’inflation. La déflation agit en sens inverse.
Pour être plus précis, ce n’est pas l’inflation ni la déflation qui comptent, ce sont les variations de l’inflation par rapport à celle qui était prévue ; ce qui est la même chose que l’inflation si, mais seulement si, l’anticipation était une variation nulle de la valeur de la monnaie (ce qui est implicitement le cas quand on raisonne aux prix courants). Une hausse de l’inflation ou une désinflation produisent un effet, pas une inflation égale à celle contre laquelle on a pu se prémunir.
Il faut noter que les entreprises sont des débiteurs nets (sauf exception et hors le cas d’entreprises financières), de même les autorités publiques en général, et que les ménages dans leur ensemble sont des prêteurs nets mais avec une proportion qui est débitrice (ex : les acheteurs de logement à crédit pour un montant plus élevé que leur patrimoine initial).
- elle pénalise
- les créditeurs qui n’ont pas réussi à se prémunir contre l’inflation, c´est à dire les possédants
- les détenteurs de monnaie
- les exportateurs (qui auront plus de mal à vendre leurs produits plus chers) et leurs fournisseurs
- les agents victimes de l’illusion monétaire (malinvestissement, perte de pouvoir d’achat masquée par une hausse nominale du revenu…)
- elle favorise
- les débiteurs (les emprunteurs donc en général les jeunes)
- les créditeurs qui ont réussi à se sur-protéger contre l’inflation
- les détenteurs d’actifs comme l´immobilier (par opposition aux détenteurs de monnaie)
- les détenteurs de stocks (lorsque ceux-ci ont été achetés avant ou en début de hausse des prix)
- les importateurs (qui vendront plus facilement les produits étrangers dont le prix n’a pas de raison d’augmenter autant) et leurs clients (qui dépenseront moins, en terme réel, pour le même produit)
- elle est relativement neutre pour
- les détenteurs de revenus indexés sur l’inflation
- les créditeurs qui se sont correctement protégés
- elle provoque des adaptations
- pression accrue en faveur de l’indexation des revenus sur l’inflation
- hausse de l’endettement (puisqu’il est plus avantageux d’être débiteur que créancier)
- incitation à investir (arbitrage en faveur des actifs productifs et de l’endettement, au détriment de la détention de monnaie et la situation de créancier)
- hausses préventives (des prix, des loyers, des taux de crédits, …)
- révision des anticipations (accréditation de l’idée qu’un nombre croissant d’agents économiques agissent ou vont agir pour se prémunir de l’inflation)
Émetteurs et détenteurs de monnaie
- L’inflation a des conséquences négatives pour les agents détenant de la monnaie, puisque la hausse des prix la même quantité de monnaie permettra d’acheter moins de choses (perte de pouvoir d’achat).
- lorsqu’elle est due à une création ex nihilo de monnaie, l’émetteur de monnaie, État, système bancaire ou faux-monnayeur, s’enrichit (il peut acheter plus de choses qu’avant). Mais c’est aux dépens des autres détenteurs de monnaie ou des vendeurs. Si donc l’émetteur de monnaie est l’État (ou une entité qu’il contrôle, comme une banque centrale par exemple) l’inflation est comme un impôt frappant la détention d’encaisses réelles. C’est un impôt pratique, d’un excellent rendement et apparemment sans douleur, mais les conséquences estimées trop négatives pour l’économie ont conduit la plupart des États à abandonner la possibilité d’émettre directement de la monnaie. L’État ne bénéficie alors de l’inflation qu’en tant que débiteur par la réduction de sa dette.
À noter que dans le cas de monnaie créée par le crédit adossé à des biens réels engagés par l’emprunteur, l’effet est plus complexe : l’émetteur (l’emprunteur) ne s’enrichit pas aux dépens des autres, qui peuvent toujours acheter les mêmes biens qu’avant pour le même prix ; il n’y a que si les biens gagés s’avèrent de valeur insuffisante que la monnaie correspondante devient inflationniste si elle n’est pas détruite (par le remboursement).
Débiteurs et créanciers
Lorsqu’un créancier (par exemple une banque) et un débiteur (par exemple un ménage) sont liés par un taux d’intérêt fixe, l’inflation favorise le débiteur au détriment du créancier (créditeur). Considérons un ménage qui emprunte à sa banque une somme S au taux d’intérêt nominal de 8 %, remboursable l’année suivante.
Si l’inflation est nulle, la banque touche l’année suivante la somme plus les intérêts prévus soit : S(1+0,08). La somme ayant la même valeur que celle prêtée (S ).
Avec une inflation de 3 %, la banque touche toujours la somme plus les intérêts prévus soit : S(1+0,08). Mais la somme rendue l’année du remboursement permet à la banque d’acheter moins que ce qu’elle aurait pu acheter l’année du prêt. La valeur réelle du remboursement reçu est : (1+0,08)(1-0,03)S soit approximativement (1+0,05)S de la somme prêtée. Ce qui signifie qu’en termes réels, le débiteur rembourse moins. Et même d’autant moins que le taux d’inflation excède le taux d’intérêt nominal de l’emprunt.
Lorsque le taux d’inflation est supérieur au taux d’intérêt nominal, le taux d’intérêt réel est négatif : c’est-à-dire que l’on gagne de l’argent à emprunter. Cela stimule d’ailleurs la demande et a tendance à alimenter davantage les pressions inflationnistes.
Face à une menace d’inflation, le créancier ne peut qu’imparfaitement se couvrir, l’inflation étant un phénomène imprévisible. Il peut alors soit avoir recours aux systèmes de couverture financière, notamment les swaps de taux d’intérêt pour les relations déjà établies, et demander dans les nouvelles relations des garanties, par exemple des contreparties du prêt peu sensibles à l’inflation (hypothèque sur un bien, valeur indexée sur l’inflation, valeur indexée sur un bien de référence comme l’or par exemple) ou un taux de remboursement indexé sur l’inflation (prêt à taux variable).
Pour les finances publiques, l’inflation diminue de la même manière le poids de la dette pour les États endettés, et a parfois l´état a volontairement utiliser la planche a billet (imprimer de la monnaie) pour créer de l inflation. Afin de se couvrir, lorsque l’État débiteur est suspecté de vouloir recourir à cette méthode, les investisseurs en dette publique demandent souvent une majoration du taux d’intérêt par intégration d’une prime de risques, ou l’indexation du taux selon une clause dite de révision ou selon la valeur d’un bien non contrôlable par l’État débiteur.(par ex : devise étrangère, panier de monnaies, valeur or, etc)
Le type même de créancier perdant en période d’inflation est le rentier titulaire d’une rente fixe. Pour cet agent, la valeur de sa rente diminue proportionnellement à l’inflation sans possibilité de couverture. Les périodes de haute inflation du XXe siècle en France (années 1920, années 1960) ont conduit à la quasi-disparition des anciens rentiers, qui ont vu leur revenus réels laminés par l’inflation ; la leçon a été retenue et désormais la plupart des détenteurs de capitaux financiers se protègent contre l’inflation.
L´inflation est souvent bonne pour les jeunes car elle favorise l´emploi (de manière modérée) et les crédits pour acheter la résidence principale. Ainsi dans les 30 glorieuses, les jeunes ont été particulièrement favorisés car il y du travail, des hausses de salaires et un crédit pas chère.
Revenus du travail
L’inflation peut réduire les revenus du travail pour deux raisons
- ils sont très généralement perçus après l’exécution du travail, ce qui fait du travailleur un créancier (or, on l’a vu, l’inflation est défavorable au créancier).
- leur montant est souvent fixé à l’avance pour plusieurs périodes successives ; en l’absence de mécanisme compensateur qui rehausse la somme à verser, le pouvoir d’achat du travailleur est réduit.
Cela affecte le marché du travail : en effet, la réduction du coût réel de la main-d’œuvre est une des raisons expliquant une corrélation négative entre inflation et chômage, illustrée par la courbe de Phillips : la baisse du coût réel de la main-d’œuvre ouvre de nouvelles possibilités de production, ce qui entraîne une baisse du chômage .
Lorsque leur baisse de pouvoir d’achat devient sensible, les travailleurs exigent des corrections ; outre que cela ne va pas sans difficultés (relations sociales dégradées, grèves, …), les mécanismes d’indexation qui sont parfois obtenus nourrissent à leur tour l’inflation.
Revenus du capital
L’inflation influence la durée de détention de biens immobiliers. En effet, selon le CIPF, l’imposition sur la plus value peut conduire à des situations où l’État impose des plus value qui peuvent n’être en réalité que l’actualisation du prix du bien en tenant compte de l’inflation. En gros le prix affiché à monté mais sa valeur par rapport aux autres biens, salaires etc n´a pas bougé. Cet impôt sur l’inflation peut donc conduire à une durée de détention accrue des biens immobiliers afin de bénéficier davantage des abattements, ce qui réduit mécaniquement l’offre, et participe au maintien de prix de l’immobilier élevés.
Inflation et allocation des ressources
Indépendamment des effets ci-dessus, essentiellement redistributifs, l’inflation a des coûts pour l’ensemble de l’économie, liés à des difficultés d’allocation efficace des ressources et aussi des gains, liés à l’irrationalité sur les marchés financiers.
Inflation et incertitude
Dans un premier temps, le niveau de l’inflation ou sa progression n’ont pas de conséquences directes sur l’économie. Si les agents savent que l’inflation sera de 3 % pour les années à venir, ils intégreront cette évolution dans leurs contrats, conduisant à une allocation des ressources identique à une situation sans inflation.
Cependant, l’inflation dépend souvent de décisions que les agents peuvent difficilement anticiper correctement. De ce fait, l’inflation fait peser un risque sur toute décision d’investissement ou de prêt, réduisant les incitations à des investissements productifs. Cet aspect doit toutefois être mis en balance avec l’effet négatif de l’inflation sur les investissements à revenus fixes, comme les rentes ou les emprunts d’État. En limitant la rentabilité de ces titres, un taux élevé d’inflation encourage la substitution vers les investissements à rendements liés à l’activité économique (les actions), généralement plus productifs du point de vue de l’emploi et de la création de richesses.
Inflation et friction
Dans un article de 1985, l’économiste Gregory Mankiw montre que les agents peuvent hésiter à ajuster systématiquement leurs prix face à l’inflation lorsque cela a un coût, même très faible, pour eux (l’auteur prend l’exemple du coût de changer les prix sur les menus des restaurants, qu’il faut faire réimprimer). Les agents n’ajustent alors l’allocation de leurs ressources qu’avec un retard. L’auteur montre que ces retards ont des conséquences importantes sur l’allocation d’ensemble des facteurs, conduisant à d’importantes inefficacités.
En pratique, l’arbitrage entre les différents effets de l’inflation conduit la plupart des économistes à estimer qu’un taux d’inflation stable proche des 2 % est un signe de bon fonctionnement d’une économie développée. Cependant elle pénalise les jeunes car trop faible.
Inflation et troubles sociaux
L’inflation peut déclencher ou aggraver des troubles sociaux, lesquels peuvent faire chuter un gouvernement.
L’inflation psychologique et l’illusion monétaire
L’inflation est un phénomène assez important pour que tout le monde en fasse sa propre estimation, mais cette évaluation est entachée de nombreux biais cognitifs. Outre que l’inflation n’est pas la simple hausse des prix des biens de consommation, c’est encore moins la hausse des prix de biens ou services qui frappent le plus l’esprit par leur répétition (l’achat de pain quotidien par exemple ; son importance symbolique est très supérieure à sa place dans le budget) ou les circonstances (service d’un plombier pendant un dégâts des eaux par exemple), pendant qu’on ignore les biens dont les prix restent stables. L’inflation psychologique est différente de celle calculée en pondérant correctement, ce qui conduit parfois à des polémiques sur la crédibilité des organes officiels de mesure de l’inflation.
L’illusion monétaire est, en sens inverse, ce biais cognitif qui consiste à raisonner en monnaie courante, sans tenir compte de l’inflation. Cette illusion conduira par exemple
- à surestimer la hausse du prix des biens qui ne font que suivre l’inflation (par exemple si l’inflation est de 10 %, un bien qui suit strictement l’inflation a un prix qui semble monter de 10 % alors qu’il ne fait que rester constant en terme réel)
- à négliger la baisse réelle du prix d’un bien dont le prix nominal est resté identique dans une période d’inflation
- et inversement dans une période de déflation